Les enfants

Conséquences de la violence conjugale sur les enfants

De nombreuses études publiées traitant des violences conjugales et de leurs « répercussions » sur les enfants sont formelles quant à la souffrance de ceux-ci (voir les références bibliographiques dans « infos »).

Ainsi, vivre dans un foyer où règne la violence n’est pas sans conséquence sur les enfants.

Les enfants « exposés » à la violence conjugale vivent dans un climat familial insécurisant, car les conflits conjugaux représentent une menace à leur bien-être, à l’intégrité de leur famille et, dans certains cas, à leur propre intégrité physique.
Ils peuvent montrer des difficultés d’intégration et de relation dans leurs groupes de pairs (agressivité vis-à-vis d’autrui ; difficulté à tisser des liens étroits avec l’extérieur à cause du « secret de famille » et de l’isolement du parent, etc.).

L’expression des émotions et la gestion des frustrations sont alors parfois inadaptées.
Ces dysfonctionnements familiaux peuvent amener les enfants à vivre des conflits de loyauté important et conduire ceux-ci vers « la parentification ».
Les enfants peuvent se sentir responsable et coupable de la situation de violence (sentiment d’impuissance face à ce qui leur arrive) ou de leur impossibilité à protéger le « parent victime ».

En conséquence, aucun enfant n’échappe aux violences qui sévissent dans un couple, même s’il n’en est que le « témoin » ou s’il est mis à l’écart au moment des disputes.

Selon les observations réalisées par des professionnels de santé, le comportement d’un enfant témoin de violences conjugales suit une évolution en quatre temps (Travaux de Stéfano Cirillo et de Paula Di Blasio) :

  • Il ressent un malaise, qu’il manifeste par des réactions d’irritabilité et d’angoisse,
  • Il veut soutenir, en prenant position pour le parent victime. Afin de soulager sa souffrance, il se rapproche de celui-ci et provoque une inversion des rôles, c’est l’enfant qui est « parentifié » ou le parent infantilisé,
  • Il passe à l’attaque et développe de l’hostilité à l’égard de son autre parent. Il adopte des comportements de rébellion (refus de manger, de se laver, de se lever le matin, de faire ses devoirs….),
  • Il se sent trahi quand les parents n’interprètent pas sa désobéissance et son agressivité de l’enfant comme des signaux de souffrance quand ils le punissent pour un problème éducatif. Ses réactions d’agressivité et de violence se manifestent alors hors du foyer familial.

Ces enfants sont donc dans un mal-être important. Ils peuvent être dans le même état psychologique que s’ils avaient été eux-mêmes « victimes » de violences : avoir des terreurs nocturnes et des cauchemars, témoigner d’un désintérêt ou surinvestissement pour l’école, d’une perte d’appétit et de crises de paniques. A contrario peuvent se montrer complètement inhibés, introvertis (la vigilance des personnes extérieures doit, à notre sens, être particulièrement requise).

L’adolescent, quant à lui, peut alors être dans des attitudes extrêmes : être « parent de ses parents » et se montrer « hyper » responsable soit être dans quelque chose d’explosif où il a envie de fuir cette situation, à la fois dans le réel et dans son imaginaire.
Ces enfants vivent donc dans un « environnement toxique » pouvant être nuisible pour leur développement.

La prise en charge thérapeutique des enfants au Centre de consultation et d’accompagnement thérapeutique des violences conjugales « Systémia »

« C’est en famille que naissent et murissent nos affects les plus intenses mais c’est aussi là que se font les apprentissages sociaux de base.
L’acceptation de la différence et de l’autorité, le respect des règles, la tolérance à la frustration, l’expérience du compromis et de la négociation, font reculer les réponses violentes aussi bien dans le tissu social que dans la famille. A défaut de ces apprentissages, à défaut de la prise en compte de la différence, de la singularité et des besoins de chacun, la violence apparaît et devient un mode habituel de résolution des conflits familiaux.» (Reynaldo Perrone-Martine Nannini « violence et abus sexuels dans la famille »).

Pour les enfants, évoluer et se construire dans un contexte familial où la violence conjugale est une réponse relationnelle qui risque de les conduire à privilégier ce mode relationnelle dans leur vie d’adulte. Nous proposons d’expérimenter d’autres apprentissages sociaux pour que l’enfant d’aujourd’hui se prépare à être l’adulte de demain.

Le psychothérapeute et la psychologue laisse alors l’enfant mettre ses propres mots sur les événements qu’il a vécu, en présence du parent. Ceci est essentiel, car un enfant pense souvent que parler va faire du mal à ses parents ou bien va déclencher de nouvelles violences. Par cette démarche, on lui désigne clairement ses parents comme les seuls responsables de la situation.

L'enfant est à l'évidence toujours concerné par la violence dans le couple parental, mais on s'adresse de manière indirecte partant du principe que les meilleures chances d'amélioration durable et pérenne de son sort passent par la reconnaissance et le développement des compétences de son « parent gardien ».

Les enfants

Ainsi, le travail thérapeutique prend en compte la souffrance de l’enfant et l’adulte en devenir.

Pour ce faire, le groupe d’expression semble être la réponse la plus appropriée (ou la moins mauvaise) concernant la prise en charge des enfants exposés aux violences conjugales. Il permet aux enfants d’apprendre que d’autres vivent aussi cette expérience et de rompre le silence. Les enfants apprennent de leurs pairs.
Les jeunes enfants qui ne peuvent être éloignés de leur mère en raison d’une grave angoisse de séparation sont orientés vers un groupe mères-enfants ou un temps parent/enfant.

Ces différents groupes sont encadrés par la psychologue et l’éducatrice de jeunes enfants, spécialisée dans l’accompagnement d’enfants vivant dans des contextes de violences conjugales.

Cet espace permet à l’enfant de mettre des mots sur son vécu de la violence. Plus précisément, il peut alors clarifier la situation, établir un scénario de protection, exprimer les changements avec lesquels parfois il doit composer (tels que ceux au sein de sa famille, lors des séparations par exemple changements d'école, de quartiers ou d’amis...) ; de surmonter son sentiment d’impuissance, de culpabilité; d’apprendre à définir et à nommer les diverses formes de violence ; de découvrir qu’il y a des solutions non violentes pour régler les conflits ; d’apprendre que la violence est inacceptable, etc...

Il s’agit d’aider l’enfant à trouver son espace de liberté, de façon la plus ajustée possible, à libérer sa propre créativité, à apprendre à repérer ses besoins, ses émotions et à les formuler.

Ces groupes d’expressions et/ou entretiens psychothérapeutiques en individuel et/ou en fratrie sont mis en place en parallèle à l’accompagnement psychothérapeutique des adultes. Nous pensons qu’il est primordial que les enfants souffrant de cette atmosphère de violence puissent aussi, avec l’accord des parents, bénéficier d’un espace thérapeutique spécifique.

Nous rappelons l’importance dans les situations de violences conjugales, de séparer la conjugalité de la parentalité. La violence est un dysfonctionnement relationnel du couple conjugal et non du couple parental. Il est important symboliquement de dissocier la prise en charge du couple conjugal du couple parental. L’adulte prend alors conscience que le contexte de violence est apparu au sein du couple et non de la famille. Quand les parents passent de la conjugalité à la parentalité, ils amènent les enfants dans leurs conflits conjugaux.
L’intervention auprès des enfants en souffrance vivant dans un contexte de violences conjugales doit se mettre en place en parallèle ou après le premier rendez-vous à « Systémia » honoré par le couple ou le parent.

Selon l’évolution de l’accompagnement thérapeutique des adultes et des enfants, la famille peut alors bénéficier d’entretiens familiaux.
Cet espace de parole permet à chacun dans la famille d’être au même niveau d’information, d’améliorer la compréhension du parent face au traumatisme vécu par l’enfant, de lever le secret qu’entraînait les violences, de parler de ses émotions, de son ressenti, d’aborder les aménagements de chacun, les nouveaux fonctionnements familiaux survenus depuis et lors de la prise en charge thérapeutique.
Ce lieu permet également de « parler à l’enfant en passant par le parent » ; de responsabiliser le parent en tant que parent, de lui redonner sa place de principal éducateur de son enfant, de le reconnaître dans ses compétences et ses capacités.

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