Les violences conjugales :

Si les violences conjugales s’exercent depuis des siècles, l’ampleur du phénomène a été révélée publiquement par l’Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France (ENVEFF) en 2000 (INED et INSEE).

Selon cette étude, 1 femme sur 10 a subi des violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles de la part de son conjoint ou ex-conjoint dans les douze mois qui ont précédé les entretiens. Toutes les composantes de la société sont concernées, sans distinction d’âge, de niveau de vie, de niveau d’étude, de catégorie socioprofessionnelle, d’origine, de confession, de lieu de résidence … Enfin, si 2/3 des situations de violences ont eu lieu sous l’emprise de l’alcool, 1/3 d’entre elles se poursuivent lorsque la consommation d’alcool a cessé.

Face à l’urgence, la priorité a été donnée à l’organisation de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes. Permanences associatives, temps de formation et d’information, recensement des victimes hébergées en institution, les bases de la protection et de l’aide aux victimes étaient posées.

Dans un second temps, depuis 2005 afin de protéger les victimes, des actions tant législatives que socio-éducatives ont été menées pour responsabiliser et condamner les auteurs. La palette d’outils utilisables en fonction de la gravité des faits est composée de stages, de mesures thérapeutiques, de dispositifs d’éviction et de sanctions pénales.

Dans un troisième temps, depuis 2008, les enfants dit témoins sont reconnus comme victimes collatérales des violences au sein du couple. A ce jour, les réponses apportées sont encore en cours de construction et le chantier reste entier.

Enfin, depuis 2009, il devient nécessaire de construire une approche concertée globale de la structure familiale en prenant en compte la parentalité et la conjugalité.

Ainsi, l’évolution de la prévention et de la lutte contre les violences conjugales s’effectue vers un élargissement du champ de vision des intervenants, passant de la personne victime au système conjugal puis familial.

 

L’Association « Accueil 9 de Cœur »

L’Association « Accueil 9 de Cœur » est implantée à Lens, au centre de ce que fut le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, dans un arrondissement en grandes difficultés socio-économique.

Le 9 septembre 1989, neuf femmes ouvrent une permanence d’accueil, puis un Accueil d’Urgence dédié aux femmes … le 25 novembre 2011, l’association organise ses deuxièmes journées d’études.

A ce jour, l’association est constituée d’un service d’urgence, d’un centre d’hébergement de 86 places et d’un centre de thérapie : Systémia-consultation.

En 20 ans, l’association est devenue une véritable institution de la prévention et de la lutte contre les violences conjugales.

L’association est constituée de 3 services complémentaires :

Répondre à l’urgence

Accompagner, héberger

Proposer un espace thérapeutique à chaque membre de la cellule familiale

 

1 Les réponses face à l’urgence d’intervenir lors de violences conjugales

L’Association « Accueil 9 de Cœur » participe activement aux politiques locales de lutte contre l’exclusion sociale :

Participation au CLEODAS (Comité Local d’Echange et d’Orientation des Dispositifs d’Action Sociale) de l’Arrondissement de Lens

Gestion du protocole SIAO spécifique aux personnes victimes de violences conjugales.

Cet accompagnement s’articule autour de cinq principes fondamentaux :

Mettre à l’abri, protéger,

Eviter l’isolement,

Permettre d’accueillir la parole, soutenir la révélation et ses conséquences,

Aider à sortir de l’emprise,

Accompagner la personne dans ses démarches.

 

Dans le cadre du travail d’orientation, un entretien spécialisé vient étoffer l’évaluation sociale et permet de proposer un temps thérapeutique privilégié.

Délivrance de nuitées d’hôtel – Accueil de jour « victimes de violences conjugales ».

Pour les femmes et les familles, en relais du SIAO, la nuit, le week-end et les jours fériés. 

Pour les personnes victimes de violences conjugales. Celles-ci sont alors accueillies au CHRS durant la journée, dans le cadre du protocole spécifique SIAO. 

 

Le CAP  (Centre d’Accueil Provisoire)

4 chambres doubles de l’internat permettent l’accueil et l’hébergement en urgence de femmes (avec ou sans enfant(s)), notamment victimes de violences intrafamiliales, durant un séjour de 14 jours.

 

Le référent « Prévention et lutte contre les violences conjugales » dont les missions s’organisent autour de trois dispositifs :

Améliorer la connaissance réciproque des acteurs locaux de la prise en charge et de l’accompagnement de la cellule familiale en situation de violences (répertoire, guide,…).

Assurer la coordination du réseau d’acteurs en vue d’améliorer la détection, la prévention et la prise en charge des situations de violences conjugales au travers d’une chaîne coordonnée.

Répertorier les bonnes pratiques afin de les partager (création d’un label, d’un « laboratoire »).

 

2 Le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale

Le Cadre légal

C’est la loi n°98-657 du 29 juillet qui définit le cadre législatif et réglementaire des CHRS (Art 157)

« Ces établissements accueillent et accompagnent les personnes et les familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d’insertion, en vue de les aider à accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale. Les étrangers s’étant vu reconnaître la qualité de réfugié ou accorder le bénéfice de la protection subsidiaire en application du livre VII du code de l’entrée du séjour des étrangers et du droit d’asile ».

Art. L345-1 du code de l’action sociale et des familles

Le public accueilli

Femmes, Hommes, couples sans enfant, familles.

Les missions

Accueillir, héberger et accompagner des personnes vers la reconquête d’une indépendance sociale durable. L’ensemble de nos actions visent à favoriser l’accès de tous aux droits fondamentaux (logement, travail, éducation, soins et santé, etc.).

L’accompagnement éducatif a pour objectifs essentiels de :

Favoriser la restructuration du réseau social et familial,

Favoriser l’accès à une citoyenneté responsable,

Aider dans les démarches administratives (ouverture des droits sociaux….)

Accompagner les projets de formation/recherche d’emploi,

Faciliter l’accès au logement,

Aider à la gestion budgétaire,

Assurer l’accès à la santé, à l’hygiène de vie, etc.

Valoriser les fonctions parentales, permettre à chaque parent d’exercer pleinement et sereinement son rôle.

Cette démarche s’inscrit dans un processus de contractualisation partant de la volonté de la personne accompagnée et de l’optimisation de ses ressources.

L’accompagnement doit aider à résoudre les problèmes générés par la situation d’exclusion, établir une relation d’écoute, de soutien, de conseil et d’entraide, englober une approche thérapeutique (c'est-à-dire du travail sur soi et son histoire de vie, de rencontre avec l’autre…).

Cette prise en charge repose sur des principes de loyauté, de transparence, de confidentialité et de confiance.

Le système pédagogique

Une équipe pluridisciplinaire qualifiée et militante,

Des dispositifs d’hébergement diversifiés (chambres individuelles en internat, immeuble collectif, logements diffus).

Des prises en charge de six mois renouvelable,

Un dispositif pédagogique souple pouvant s’adapter à chaque situation personnelle,

Une inscription active dans une dynamique partenariale.

 

3 SYSTEMIA–CONSULTATION : Centre de Consultation thérapeutique des violences conjugales

L’Association « Accueil 9 de Cœur » affirme que la violence conjugale ne se limite pas au seul schéma « Victime/Bourreau ». Sans nier cette réalité qui trouve des solutions diversifiées au sein du CHRS, une autre réponse peut exister lorsque la violence est devenue un mode relationnel enfermant, au sein du système conjugal.

Le protocole thérapeutique s’organise autour de trois temps forts :

La consultation - Diagnostic – Orientation : 

Orientés par des institutions ou suite à une démarche personnelle, Systémia-Consultation reçoit indifféremment les femmes, les hommes ou les couples.

Cette consultation est un lieu d’évocation de la violence. Nommée, elle est définie comme pathogène et condamnable. Il s’agit avant tout de permettre à la personne, d’être reconnue dans sa souffrance, d’être entendue, de lui permettre d’exprimer ses émotions (souffrance, colère, peur…) de l’aider à « sortir » des sentiments de honte, de culpabilité et de la banalisation des violences.

Durant cet entretien, différents diagnostics sont aussi posés concernant l’origine, la fonction et les conséquences de la violence, tant chez la personne, le couple, que chez l’enfant.

L’étape de consultation-diagnostic se termine par la proposition, avec la ou les personnes, d’une orientation adaptée : si les personnes se définissent dans une relation de couple type un conjoint « dominant » considérant son partenaire comme « objet » dominé, nous proposons une orientation vers des structures favorisant la séparation du couple (AVIJ 62, Centre Brunehaut, CHRS « Accueil 9 de Cœur », …).

A l’inverse, si les deux membres du couple souhaitent travailler autour de leur conjugalité, nous proposons alors un accompagnement thérapeutique.

 

L’accompagnement thérapeutique :     

L’accompagnement thérapeutique est un espace permettant à chaque membre du couple d’envisager la violence comme résultant d’un mode relationnel.

Lorsque l’amour est encore présent, l’accompagnement thérapeutique peut alors être un temps où chacun des conjoints a possibilité de cheminer quant à l’évolution de sa vie conjugale.

Les acteurs du système conjugal peuvent alors s’autoriser à regarder leur couple dans ses dysfonctionnements, éclairé notamment par leurs propres histoires familiales, de s’interroger sur « comment » leur couple s’est fondé,  comment il évolue…

Dans ce travail thérapeutique, l’objectif visé n’est pas de maintenir le couple « à tout prix ».

Il s’agit de cheminer dans la compréhension des choix relationnels proposés. Cette compréhension peut alors permettre aux conjoints de s’investir dans la co-création d’un mode relationnel nouveau plus satisfaisant ou leur permettre de co-créer leur séparation.

La prise en charge des enfants :  

Aucun enfant n’échappe aux violences qui sévissent dans un couple, même s’il n’en est que le « témoin ».

En parallèle de l’accompagnement thérapeutique des adultes, le thérapeute et une éducatrice de jeunes enfants spécialisée dans l’accompagnement d’enfants vivant dans des contextes de violences conjugales, proposent un espace privilégié leurs permettant de mettre des mots sur leurs vécus de la violence, de les déculpabiliser, de poser la responsabilité de chacun, de clarifier avec eux la situation et d’établir un scénario de protection, de découvrir que la violence peut être un mode relationnel usuel, de s’exprimer sur les modifications du contexte de vie, si besoin (séparation, divorce….), ….

 

Les journées d’études de l’association :

Le 25 novembre 2010, l’Accueil 9 de cœur a organisé sa première journée d’étude intitulé : la violence conjugale à l’épreuve des mots ( les actes sont accessibles sur le site ).

Face à l’enthousiasme des professionnels, l’association organise ses deuxièmes journées d’études intitulées :

Lorsque le couple se conjugue en violence, peut-on parler d’amour ? 

Ces deux jours seront consacrées à des réflexions et des illustrations artistiques sur le thème des violences conjugales.


Le Vendredi 25 novembre 2011, 15 intervenants inviteront plus de 300 participants à réfléchir sur le lien entre couple et violence. Voici le programme :



inscription journée d'étude 25 11 11



CONTACT - RENSEIGNEMENTS :

Laurent LIOTARD.

Systémia–consultation

54 rue Saint Antoine 62300 Lens.
06.84.67.51.06

systemia@systemia-consultation.fr